# La résolution de problèmes et de difficultés
<p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p>
Situation courante d’un colloque d’équipe, dans n’importe quel domaine de l’activité humaine : une personne présente une situation et toutes les difficultés qu’elle y voit ou qu’elle y rencontre.
Situation courante de nombreuses réunions d’amis, de copains ou de familles : une personne parle de sa situation et de ses difficultés.
Qu’est-ce qui arrive, en général ? Les propositions, les idées et les conseils fusent :
![[Résolution de problèmes 1.png]]<br>
Quand il s’agit d’une réunion privée, le premier problème est que, à moins que la personne n’ait explicitement demandé des conseils ou l’avis des autres, on est en plein dans la toxicité relationnelle : une avalanche de critiques, de reproches et de conseils non sollicités ! (cf. [cet article](https://dr-spinnler.ch/toxiques-relationnels/))
Quand il s’agit d’une réunion professionnelle, il est en général clair que la personne demande à ce qu’on l’aide à trouver une solution à ses difficultés. Mais est-on bien certain d’avoir tous la même vision du ou des problèmes ? Est-ce qu’on partage la même analyse ? Est-ce qu’on a tous la même vision de ce qui pourrait être une solution ? Est-ce qu’on a tous les même critères et les même priorités ? Rien n’est moins sûr, même au sein d’une équipe bien soudée composée de gens qui se connaissent bien.
Afin d’avancer en direction d’une éventuelle solution, il convient de commencer par *identifier les problèmes*, de les lister et, éventuellement, de les hiérarchiser, de les ordonner. Ça peut donner quelque chose comme ceci :
![[Liste de problèmes.png]]<br>
Vient maintenant un écueil fort commun :
### Le mythe de LA solution
On peut penser qu’il pourrait exister **une** solution qui règlerait **tous** les problèmes. En fait, il s’agit d’une croyance. Sans se l’être jamais avoué, bien des personnes ont cette croyance — car il s’agit bel et bien d’une croyance :
> ***Il doit exister*** une solution à tous les problèmes, quelque chose qu’on pourrait faire ou qu’on devrait avoir et qui ***règlera tout***.
![[LA solution.png]]<br>
Ce qui conduit à de la rumination, car on découvre que telle solution ne résout que les problèmes **1** et **3**, mais pas du tout le problème **2**, ni le **4**, ni le **5** :
![[Solution A.png]]<br>
Telle autre solution résout partiellement le problème **2** et complique le problème **1**, sans rien changer aux autres problèmes :
![[Solution B.png]]<br>
Et ainsi de suite, en sautant d’une solution à l’autre. Que se passe-t-il alors à l’intérieur de la personne ou de l’équipe ? Dans une personne, cela conduit à la rumination ; la personne n’arrête pas de penser à ses problèmes et à tourner et retourner dans sa tête des tentatives de solutions, à la recherche qu’elle est de *LA* solution. Dans une équipe, on arrive vite à la frustration et à un sentiment d’impuissance, car on peut discuter à l’infini des mérites respectifs des différentes solutions, démonter tour à tour toutes les solutions proposées… jusqu’à l’épuisement. Sans parler des ressentiments chez certaines personnes qui continuent de penser que leur solution est *la meilleure* et qui refusent d’entendre qu’il y a d’autres propositions qui ne sont foncièrement pas moins bonnes. De toute manière, au bout du compte, la réunion se sera révélée improductive. Comment sortir de cette impasse ?
### Première approche : à chaque problème sa solution
Une fois qu’on a compris que *la* solution n’existait pas, on abandonne ce mythe et l’on vient à quelque chose de beaucoup plus pragmatique :
> À chaque problème sa solution.
Cela sonne comme un adage et cela ressemble à ceci :
![[Chaque problème sa solution.webp]]<br>
Voilà une approche beaucoup plus fructueuse et que l’on peut mettre en pratique. Il n’y a aucun doute que l’on a tout intérêt à la pratiquer au quotidien et que de grandes choses sont réalisées ainsi. Amener des hommes sur la lune, les faire rouler dans une drôle de machine pour ramener des cailloux et les faire revenir sains et saufs, c’est clair que cela a consisté à résoudre, patiemment et avec ténacité, une foultitude de problèmes, les uns après les autres.
Pourtant, cette approche aussi a ses limites :
* On ne peut pas toujours mettre en œuvre *en même temps* toutes les solutions à tous les problèmes — parce qu’on n’en a pas le temps ou pas assez de personnes à disposition ou pas assez d’argent, en un mot : pas les moyens.
* On va donc devoir *prioriser* et *choisir* de quel(s) problème(s) on va s’occuper et avec quels moyens.
* Par conséquent, il faudra admettre qu’on ne va pas résoudre tous les problèmes, du moins *pas tout de suite*.
Existe-t-il une autre manière de considérer les choses ?
### Et si la Vie était autre chose qu’une longue succession de problèmes ?
Je ne nie pas que nous rencontrons tous, régulièrement, des problèmes à résoudre et qu’une approche pragmatique telle que celle que je viens d’évoquer nous permet de bien avancer dans la Vie. Mais ne nous y trompons pas. À force de résoudre des problèmes, tantôt par la volonté, tantôt par l’intelligence, tantôt par l’astuce et la créativité, on peut finir par voir des problèmes partout. Même là où il n’y en a pas !
Il s’agit donc *aussi* de savoir, de temps en temps, considérer que telle situation « pas idéale » n’est pas forcément un ***problème*** et qu’il n’y a carrément pas lieu de chercher de « solution ». Qu’il vaudra mieux se demander et considérer « qu’est-ce qu’il y a de bien ? » dans la situation telle qu’elle est. Comme disait le bon Voltaire : « le mieux est l’ennemi du bien ». Pourquoi vouloir changer ce qui est déjà fort convenable ? En anglais, on dit “if it ain’t broken, don’t fix it !” (« Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas ! ») Il faut aussi savoir se contenter, non pas de l’à-peu-près, mais du « pas mal du tout » ou du « fort agréable », et ainsi de suite.
Je ne fais pas l’éloge du contentement « béat » et de l’immobilisme. Je veux juste dire qu’il n’est pas forcément bon de considérer la Vie comme une longue succession de problèmes et de cultiver les frustrations. Il faut aussi — et souvent — savoir accepter que les choses sont comme elles sont et que vouloir les changer, ça peut coûter beaucoup d’énergie et amener à une situation différente, certes, mais pas forcément *meilleure* et surtout pas « meilleure à tous points de vues ».
 
<p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p>
<p style="text-align: center; font-style: italic;">le 7 juillet 2021
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