# Comment prendre une décision ? <p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p> Il ne s’agit pas ici des « petites décisions du quotidien » telles que choisir une pièce de vêtement ou un plat dans un menu. Le propos est d’évoquer ce que l’on appelle les « grandes décisions » de la vie, telles que choisir des études, un lieu de résidence, se mettre en couple, etc. Ce sont aussi les décisions qui peuvent avoir de grandes implications financières : choisir un appartement, une voiture, etc. C’est un sujet qui revient régulièrement en thérapie : « je n’arrive pas à prendre une décision » *ou* « j’hésite toujours, quand je dois prendre des décisions importantes ». J’ai été ainsi amené à beaucoup réfléchir à cette problématique et j’ai collectionné une série d’idées que je propose ici. Je suggère d’utiliser ces différentes « techniques » ou « méthodes » plus ou moins dans l’ordre où je les présente. Je pense qu’il est bon de commencer par la première, en tous les cas. C’est la méthode qu’on pourrait appeler la manière « rationnelle » de choisir. C’est toujours une bonne idée que de passer par l’étape de la raison. Mais il ne faut pas en rester là, à mon humble avis. Je suggère de toujours compléter la *raison pure* par d’autres approches. À moins que l’analyse rationnelle ne donne un résultat *trop évident* ! #### Intellectuellement et rationnellement Il s’agit de réellement, le plus honnêtement et le plus complètement possible, mettre par écrit, dans un tableau, pour *chaque option* : * les avantages * les inconvénients * et pour être encore plus complet : les risques. On a ainsi au minimum **4** cases, **6** en ajoutant les risques. Il convient de réunir un maximum d’informations et d’arguments, généralement dans une quantité en rapport avec les enjeux du choix. Si l’on a le choix entre deux options, on aura ainsi 4 ou 6 cases à remplir. C’est en remplissant ces cases que, bien souvent, l’on se rend compte de nos *[[biais cognitifs]]* ou *émotionnels* qui nous empêchent de voir ou de considérer les avantages de telle option ou les inconvénients de telle autre. À propos des *risques* de telle ou telle option : parfois, il suffit de considérer que tel ou tel risque est simplement un *inconvénient* d’une option. Mais, selon la situation, il peut être utile de les expliciter, de les mettre en évidence dans une colonne à eux. Exemple typique : une personne hésite entre « démissionner de mon poste » et « rester dans mon poste ». Il est intéressant de noter, dans la case « risques si je reste à mon poste », des choses telles que « continuer à être frustré » ou « manquer une opportunité » ou « s’incruster dans l’immobilisme ». #### Émotionnellement ou intuitivement * que dit ma « petite voix intérieure » ? * que me disent mes tripes ? #### Quand c’est *vraiment* égal * je demande à quelqu’un d’autre de faire le choix * je m’en remets à un dispositif aléatoire * pile ou face * programme informatique * tirage de cartes Éventuellement, cela me permet de me rendre compte que ce n’est pas si « égal » que cela ! #### Spirituellement * Je fais ma part du travail et je laisse l’Univers / le Monde / la Nature / Dieu faire sa part ou me donner un signe. * Je me donne un temps prédéfini pour m’occuper de ce choix, pour mûrir une décision. Une fois le temps écoulé, j’exige de moi-même une décision et je m’engage à la mettre en œuvre. Ce temps peut-être : * une séance de méditation, * une ballade * une durée limitée passée dans un lieu propice, tel qu’une église, un lieu de ressourcement retiré, etc. * une retraite d’un jour, d’un week-end, d’une semaine… voire plus. #### La technique de la pizza Je m’imagine, dans le futur, face au choix déjà fait. Je m’applique à imaginer si je peux vivre avec ce choix, si je peux en être content, si je peux l’assumer, etc. ### Quelques remarques Il faut abandonner le [[mythe du « bon choix »]]. Il n’y a pas forcément un *bon* et un *mauvais* choix. Bien souvent, il y a deux — ou plusieurs — choix qui mênent chacun à des situations de vie, à des expériences *différentes* — des situations dont on ne peut pas forcément dire que l’une est *meilleure* ou *préférable* à l’autre. Cela peut être utile de faire une liste de « ce qu’on ne veut en tout cas pas », en sorte d’écarter une ou plusieurs possibilités que l’on était tout de même en train de considérer. Il y a des décisions difficiles à prendre parce qu’elles impliquent d’aller vers un chemin difficile, où il faudra faire un effort. Si, de plus, il n’y a pas une *garantie absolue* de résultat, on peut être tenté de s’en remettre à la *loi du moindre effort*. Il faut alors considérer si cela ne vaut pas la peine d’*essayer quand même*, afin de se donner la *possibilité* de quelque chose de mieux que ce que l’on a déjà. Si l’on s’en remet à la *loi du moindre effort*, ce qu’on risque de regretter, un jour, c’est justement de n’avoir pas fait l’effort de *se donner la possibilité de*. Par conséquent, si l’on se soumet à la *loi du moindre effort*, c’est cela qu’il faudra assumer, dans le futur. ### « Je risque de regretter mon choix… » Il y a aussi le risque de regretter de *ne pas avoir fait* de choix ! Regretter, c’est le contraire d’*assumer*. Dire « je regrette mon choix », c’est dire, très exactement : « je n’assume pas mon choix ». Par conséquent, la seule manière de ne *jamais* regretter un choix, c’est de ne faire que les choix que l’on *assume*. Il s’agit de se demander, très régulièrement : « est-ce que j’assume ce choix ? » C’est la seule prévention de « je vais le regretter ». Il y a des choix impossibles à assumer — ou très difficilement : * les choix irréfléchis ; * les actions entreprises dans l’émotionnel, sous le coup de vives émotions ; * les choix faits trop vite, sans se donner le temps de les mûrir ; * les choix qu’on a laissé faire aux autres — ou alors, on assume que c’est ce qu’on a décidé de faire. Si l’on utilise *consciemment* l’une ou l’autre, voire plusieurs des techniques énumérées précédemment, on *doit* pouvoir assumer son choix. ### Les choix irréfléchis Certaines personnes font *exprès* de faire des choix « sans réfléchir ». Ce peut être : * parce qu’elles ne font pas confiance à leur intelligence ; * parce qu’elles sont convaincues que les émotions sont plus « justes » que l’intelligence ; * parce qu’elles croient qu’« irrréfléchi » correspond à « intuitif » — ou parce qu’elles veulent se faire croire qu’elles sont « intuitives » ; * parce qu’elles assument plus facilement de passer pour « irréfléchies » que de passer pour stupides. <p style="text-align: center;">&emsp;</p> <p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="http://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p> <p style="text-align: center; font-style: italic;">le 9 janvier 2023 </p> &emsp; ---------------------------------------------- #psychoPhilo