# Transmission des suivis entre psychothérapeutes Il est tout à fait courant que le patient ou la patiente d’un·e psychothérapeute change de thérapeute. Quand cela arrive, quelles qu’en soient les raisons, il est tout à fait normal et légitime que le patient souhaite la transmission d’informations entre les thérapeutes, afin de n’avoir pas à « tout raconter encore une fois » ou pour toute autre raison. Et c’est là qu’il y a un point important que je souhaite éclaircir. Le cadre légal demande à tous les thérapeutes — médecins somaticiens, psychiatres, psychothérapeutes, infirmiers·ères, etc. — de tenir un *dossier médical* et d’y porter des notes. Légalement, ce dossier médical est propriété du patient et il doit pouvoir en disposer, en particulier pour le transmettre ou le porter à connaissance des différents intervenants médicaux qu’il consulte. Mais, en ce qui concerne la psychiatrie et la psychothérapie, il faut tenir compte d’une particularité que je vais expliquer le plus simplement possible. Quand il s’agit des problèmes liés à la santé physique et à des maladies somatiques, il n’y a pratiquement que des choses *objectives* : des résultats de laboratoire, des images de scanners ou autres examens complémentaires — angiographies, endoscopies, etc. — des bilans et rapports établis par d’autres spécialistes somaticiens — neurologue, dermatologue, ORL, etc. En cas d’hospitalisation, il y a aussi des *lettres de sortie* de l’hôpital. Et ainsi de suite. Même les observations qu’un médecin somaticien fait lors de son examen clinique, ce sont des *données objectives*. C’est l’ensemble de toutes ces informations qui constituent les *pièces objectives du dossier médical* et qui sont la propriété du patiente qui doit pouvoir en disposer dès qu’il le demande. Mais la particularité de la psychiatrie et de la psychothérapie, c’est qu’elle concerne l’*intériorité* du patient ou de la patiente : ses émotions, ses pensées, ses traumatismes psychologiques, sa personnalité, son caractère, ses rêves, ses fantasmes et ainsi de suite. On voit bien que ce ne sont pas des *données objectives*. Chaque thérapeute peut les apprécier différemment et les interpréter différemment, en fonction de sa formation, de ses cadres de référence à lui, de son expérience de vie à lui, de la compréhension qu’il a ou qu’il n’a pas de la problématique du patient, etc. C’est pourquoi les notes qu’il ou elle prend *pour lui-même* ne constituent pas des *pièces objectives du dossier médical* dont le patient pourrait disposer et qui *devraient* pouvoir être transmises à un·e collègue, à un avocat ou à un juge. Dans le contexte de la psychiatrie et de la psychothérapie, les seules *pièces objectives* qui fassent partie du dossier médical dont le patient doit pouvoir disposer, ce sont : * des lettres de sortie de l’hôpital, si le patient a été hospitalisé ; * des résultats d’examens de laboratoire ; * des rapports écrits reçus d’une consultation spécialisée — neuropsychologue, TDAH, autisme, etc. * les certificats médicaux de toutes sortes signés par un médecin. De tels documents — quand il y en a — sont *les seuls* dont le patient peut disposer et dont il peut *exiger* la remise de la part de son thérapeute. Tout le reste, en particulier les notes personnelles du thérapeute, est transmis *à bien plaire*, le patient ne peut rien exiger, pas plus que ne le peut un avocat ou un juge. En pratique : le minimum que tout thérapeute est en général d’accord de faire, c’est de prendre contact par écrit ou par oral avec le thérapeute suivant et de transmettre, à la demande du patient, tout ce qui pourrait être utile au nouveau thérapeute. Ainsi, par un téléphone d’une durée de 5 à 60 minutes, une quantité importante d’informations pertinentes peut être transmise, avec un maximum de nuances et d’explications qui permettent au nouveau thérapeute de *se faire une idée* de la situation et lui évitent de « repartir de zéro ». À l’occasion, il y a aussi des thérapeutes qui préfèrent faire une *lettre de transmission*, ce qui est très bien aussi. Est-ce que le patient doit pouvoir la lire ? Je dirais *pas forcément*. En général, ça me paraît une bonne chose. Mais il faut admettre que, dans tout ceci, on est dans le *à bien plaire* et que tout peut et doit se négocier entre les personnes concernées. &emsp; <p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p> <p style="text-align: center; font-style: italic;">le 21 mars 2024 </p> &emsp;