# Les différents niveaux de la Vérité
<p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p>
Une situation se présente souvent, dans laquelle on se demande « qu’est-ce que je dois dire ? » ou « qu’est-ce que je peux dire ? » au sujet de telle ou telle chose, de tel ou tel événement qui s’est produit ou qui m’est arrivé. « Est-ce que je dois ou est-ce que je peux dire toute la vérité ? »
Voici une approche que je propose qui peut grandement aider en ces situations. Tout d’abord, un schéma :
![[Vérité.webp|500]]
Nous allons le parcourir en commençant par le centre.
##### Niveau zéro : la Vérité Ultime
Tout au centre, le point blanc représente ce que nous allons appeler la « ==Vérité Ultime== ». Cette vérité *ultime* nous échappera toujours, car on peut reculer et reculer encore le questionnement :
* Est-ce qu’on connaît vraiment toutes les composantes de la situation ?
* Qu’est-ce qui a amené à cette situation ?
* Pourquoi ?
* Comment ?
* Et avant ?
* Et est-ce qu’il n’y a vraiment que ce qu’on voit ou qu’on a compris ?
* Est-ce qu’il n’y aurait pas encore d’autres facteurs ?
Et ainsi de suite. On peut remonter très loin ainsi et en arriver à « Mais pourquoi suis-je né ? », « Qu’est-ce que je fais sur cette terre ? » et « Pourquoi y a-t-il de la vie sur la terre ? » On n’en finira pas.
Et puis ce qu’on aura compris dans 10 ans, ce ne sera peut-être pas la même chose que ce qu’on comprend aujourd’hui. Et dans 20 ans… et dans 50 ans… Et qu’est-ce que l’Histoire retiendra de tout cela ?…
Alors je propose de laisser tomber ce genre de questions, d’être tranquille une fois pour toutes avec l’idée que cette *Vérité Ultime* nous échappera toujours et de se contenter de l’approche plus pragmatique du prochain niveau de réflexion.
#### Niveau 1 : la « Vérité Complète »
Ce premier niveau, c’est celui de ce que l’on appelle généralement, en français familier, la « vérité vraie ». Il s’agit d’établir la version la plus honnête et la plus complète que possible de « ce qu’il s’est réellement passé ». Il faut s’efforcer d’être aussi complet que possible dans la description
* des faits,
* des circonstances,
* des différents facteurs.
Le tout en restant raisonnable, tenant compte de ce qui vient d’être admis à propos du niveau 0 (zéro). Quand je dis : la vérité « complète », c’est dans le sens « aussi raisonnablement complète que possible ».
J’insiste sur les mots « honnêtement » et « raisonnablement ». Il s’agit vraiment d’établir les faits, simplement les faits. Il ne s’agit pas de discuter des motivations, des « pourquoi », des responsabilités, des questions au sujet de la culpabilité de telle ou telle personne, etc. Juste les faits, les faits, les faits et encore les faits. Honnêtement. Simplement. Sans passion, sans états d’âme.
Vous remarquerez, sur le schéma, que cette *Vérité Vraie* est homogène et monocolore. Elle ne souffre d’aucune nuance, elle est *intègre*, elle est *pleine et entière*.
On peut — et parfois on *doit* le faire — compléter cette analyse de l’extérieur des choses avec le récit honnête des aspects relevant de l’intériorité. Il convient alors de procéder à une introspection, individuelle ou collective, selon la situation :
* Qu’est-ce que j’ai ressenti ? Quelles ont été mes émotions, tout au long de ces événements ?
* Qu’est-ce que j’ai pensé ? Qu’est-ce que je me suis dit ?
* Qu’est-ce que savais, à tel moment ? Qu’est-ce que je ne savais pas ?
* Qu’est-ce que j’avais compris, à tel moment ? Qu’est-ce que je n’avais pas compris ?
Quand il y a plusieurs personnes impliquées, ce serait évidemment bien que chacun et chacune fasse aussi cette introspection. Et quand c’est un groupe de personnes qui est impliqué, on peut se poser les mêmes questions au niveau du groupe.
#### Niveau 2 : la « vérité officielle »
À ce niveau-là, on décide *ce qu’on va dire* et *à qui*. On dira toujours *la* ***vérité*** — jamais je ne défendrai de dire des mensonges ou de propager des informations fausses —, mais pas forcément *toute* la vérité et surtout pas à *tout le monde*. Vous comprendrez mieux ce que je veux dire en prenant connaissance des exemples plus loin.
C’est ainsi qu’il peut y avoir une vérité *publique* et une autre vérité plus *privée*. Bien sûr, de nos jours, avec les moyens modernes de diffusion de l’information, il est plus difficile que des choses restent totalement secrètes. Il n’empêche, on devrait pouvoir compter sur la discrétion de certaines personnes. Et c’est aussi pour cela qu’il peut exister des *archives secrètes* à n’ouvrir que dans 50 ans. Ou bien on peut consigner les considérations trop privées ou trop intimes dans une lettre *à n’ouvrir qu’après ma mort*. Et ainsi de suite.
Sur le schéma, vous remarquez que cette *vérité officielle* est complètement monocolore, mais que l’intensité de sa couleur varie, ceci pour montrer que ce qu’on dit peut être nuancé, peut être plus ou moins allégé ou plus ou moins complet.
#### Niveau 3 : ce que les gens en font
Jusque-là, nous avions la maîtrise des choses. La maîtrise de l’enquête, de la compréhension, de l’établissement de la vraie vérité et de la communication au sens des “public relations”. Le niveau 3 nous échappe :
* Certaines personnes comprendront la vérité et l’admettront.
* Certaines personnes comprendront la vérité, mais ne l’admettront pas ou seulement partiellement.
* Certaines personnes ne comprendront pas ou comprendront carrément « de travers ».
Et ainsi de suite. De plus, comment les gens rapporteront plus loin les faits — le *téléphone arabe*, comme on dit —, ça peut prendre toutes les formes !
C’est pour cela que sur le schéma, le dernier cercle comporte plusieurs couleurs, dont celle de la vérité.
### Quelques exemples pratiques
#### Une maladie grave
Une personne est atteinte d’une maladie grave, mais ne souhaite pas que tout le monde le sache, pour des raisons qui lui appartiennent.
##### Niveau 1 : les faits
Dans un cas comme celui-ci, c’est assez simple d’établir les faits :
* J’ai eu tel ou tel symptôme à telle ou telle date — même si on ne peut pas dater exactement et précisément.
* Je suis allé·e consulter tel médecin à telle date.
* À telle date, on a posé tel diagnostic.
* J’ai eu à choisir entre tel ou tel traitement.
* J’ai subi une ou plusieurs opérations à telle(s) date(s).
* J’ai été hospitalisé·e dans tel hôpital, à telle(s) date(s).
* Je me suis soumis·e à tel traitement, du tant au tant.
* Je me suis remis·e entre tel mois et tel mois.
* Voilà où j’en suis aujourd’hui.
Ce qui est plus difficile, mais qu’il convient également de faire, c’est d’avoir une vision aussi claire que possible sur ses états d’âme, ses espoirs, ses peurs, etc.
##### Niveau 2 : qu’est-ce que je dis ?
Il est évident qu’on ne va pas tout dire à son employeur ou à son voisin de palier, si c’est juste une connaissance. On va donc adapter la communication à la personne et aux circonstances. Par exemple :
* Au voisin de palier : « j’ai été malade. »
* À l’employeur : « j’ai eu une maladie grave. » De toute façon, il doit bien s’en douter, vu l’absence de longue durée… Mais il n’est absolument pas obligatoire d’en dire plus.
* Aux amis avec un *petit a* : « j’ai eu un cancer. » C’est sûr qu’on n’a pas forcément envie de leur donner tous les détails, de raconter qu’on nous a enlevé tel organe, etc. Ce sont des choses intimes et une personne respectueuse ne devrait même pas demander ce genre de détail.
* Les Amis avec un *grand A* : c’est sûr qu’ils ont le droit d’en savoir plus. De toute façon, par définition, les Amis avec un *grand A*, ils ont accompagné la personne tout au long de l’épreuve, donc ils sont déjà bien au courant.
#### J'ai démissionné de mon travail
[à suivre…]
 
<p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p>
<p style="text-align: center; font-style: italic;">le 12 octobre 2023
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