# Les symptômes du burn-out
Vous constaterez que, comme souvent en médecine, il n’y a absolument aucun symptôme qui soit *pathognomonique* ^[On dit d’un signe ou d’un symptôme qu’il est *[pathognomonique](https://fr.wikipedia.org/wiki/Pathognomonique)* d’une maladie quand il est la « signature » de la maladie : quand il est présent, on a la quasi-certitude que la maladie en question est présente. Exemple typique : le sucre dans les urines, conséquence d’un diabète de type I.] ou caractéristique d’un burn-out. Médicalement, le diagnostic se base sur l’anamnèse — l’histoire de l’apparition des symptômes et les circonstances — ainsi que sur certains symptômes qui doivent être présents pour qu’on puisse parler de burn-out.
 
*N.B. La liste est classée approximativement du « moins grave » au « plus grave ».*
 
Tout d’abord, des signes qui montrent que la personne est en *souffrance psychologique* :
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| Nervosité | Certaines personnes sont « toujours nerveuses ». Mais quand une personne plutôt calme commence à ressentir régulièrement de la nervosité, c’est déjà un signe qu’elle n’est « pas bien ». |
| Irritabilité<br>Agressivité | Comme pour la nervosité : une personne en bonne santé psychique ne devrait pas être irritable ni agressive. Quand une personne devient irritable ou agressive, cela indique qu’elle est en souffrance. |
| Fatigue (physique, nerveuse, émotionnelle) | On est beaucoup trop complaisant envers la fatigue : l’état normal, ce devrait être l’état **reposé**. Quand une personne se sent perpétuellement fatiguée, elle se dirige inéluctablement vers un syndrome d’épuisement. ⭢ [[fatigue, récupération, vie]] |
| Troubles musculo-squelettiques (« bobos » divers) | Souvent, ce sont les tensions intérieures qui se manifestent sous forme de tensions musculaires, de crispations, etc. Ces tensions et ces crispations fatiguent les muscles et les articulations, occasionnant toutes sortes de douleurs chroniques. Ces douleurs résistent à tous les traitements symptomatiques, tant que les tensions intérieures persistent. |
| Troubles psychosomatiques (maux de tête, de ventre, diarrhée, constipation, etc.) | Ces troubles sont des signes d’émotions non gérées, car généralement *ignorées* par la personne : de la peur, de la colère, du découragement, des sentiments de rejets, de l’abattement, etc. |
| Anorexie<br>Boulimie | Chez certaines personnes, l’apparition de ces troubles *signent* la souffrance psychique. Ces personnes le reconnaissent généralement elles-mêmes, mais elles ne font pas forcément le lien avec la souffrance au travail. |
| Consommation de psychotropes (alcool, anxiolytiques, somnifères, autres drogues) | Quand une personne commence à avoir *besoin* de substances pour se sentir « moins mal », c’est qu’elle est en grande souffrance psychique.<br>C’est une profonde erreur de croire qu’il est normal d’avoir besoin de ces médicaments pour vivre. Le fait que tellement de personnes — une personne sur trois ou quatre ! — y aient systématiquement recours n’est rien d’autre que le reflet de la pathogénie de la vie que nous menons. |
| État anxieux, anxiété, attaques de panique | Comme je l’explique [[anxiété — comment s’en sortir\|dans cet article]], ces états sont le signe d’un [généralement grand] malaise psychique. Ils témoignent du fait que la personne a des *émotions* ou des *sentiments* qu’elle ne peut ou ne veut pas voir et qui, par conséquent, font un travail de sape en souterrain du psychisme conscient. Il va sans dire que les médicaments n’aident en rien à résoudre ce genre de problèmes ! |
Autant les symptômes précédents peuvent être présents longtemps — même très longtemps — sans s’aggraver, autant les symptômes suivants doivent être pris au sérieux et la personne doit absolument s’occuper de sa santé mentale et entreprendre de revoir son mode de vie. Faute de quoi, les choses vont aller en empirant, immanquablement.
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| Troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, sommeil interrompu, réveil précoce) | Un bon sommeil est aussi indispensable à la santé mentale qu’une bonne alimentation et une bonne hydratation à la santé physique. Quand le sommeil n’est plus récupérateur, c’est le début d’une spirale descendante. |
| Rumination mentale | Beaucoup de personnes ont tendance à « ruminer » leurs soucis ou des pensées en général. Si je mets ce signe à ce niveau-là de la liste, c’est de la rumination *extrême* que je parle, celle des pensées qui empêchent de se concentrer. Les *obnubilations* qui empêchent de réfléchir posément et de se concentrer sur son travail. Les ruminations qui viennent perturber le sommeil et participent à la spirale descendante de la fatigue chronique et du sommeil non réparateur. |
| Démotivation, démoralisation | Quand ces signes arrivent, la personne et son entourage peuvent penser qu’un état dépressif débute. Ce peut être vrai. Mais quand cela survient dans un contexte de surmenage et avec l’un ou l’autre des signes précédents, c’est que la personne est en train de se rapprocher dangereusement du « craquage ». |
| Perte de la joie de vivre | Comme les quelques items suivants, cette perte de la joie de vivre peut faire penser à la dépression. Et, en 2024, elle est hélas assez constante chez une grande partie de la population. Il n’empêche qu’elle est un signe de gravité de la souffrance psychique quand elle survient en plus de tout ce qui précède. |
| Baisse significative des capacités intellectuelles, pertes de mémoire | On parle bien, ici, de baisse *significative* : la personne ne peut plus fonctionner, intellectuellement. Elle ne se souvient plus de ce qu’elle était en train de faire, elle n’arrive plus à lire ni à se concentrer. Elle ne peut plus réfléchir. Elle cherche ses mots. Elle ne peut plus faire un travail efficace. Elle est psychiquement ralentie.<br>Cela peut arriver dans le contexte d’un *état dépressif* et c’est pourquoi tant de personnes ont cette croyance que « burn-out et dépression, c’est la même chose ». Mais il n’en est rien. Dans le cas d’un *vrai burn-out*, il y a carrément des *lésions cérébrales* ^[Attention : contrairement à la sénilité ou aux maladies dégénératives (Alzheimer), ces lésions peuvent guérir, MAIS sur des mois et des années, pas en deux semaines, et *à condition* d’une mise au repos du mental !] causées par le stress chronique et le surmenage mental. C’est pourquoi le burn-out est un état morbide plutôt *grave* médicalement. |
| Confusion mentale<br>Inefficacité | Ce sont d’autres conséquences du surmenage et, à un certain moment, des lésions cérébrales précédemment évoquées. |
| Imprécisions<br>Fautes | À un certain moment, le fonctionnement mental est tellement diminué qu’il devient pratiquement impossible de ne pas faire de fautes. Même des personnes consciencieuses et perfectionnistes se mettent à commettre des fautes. Suivant la profession exercée et les responsabilités, ce peut être extrêmement grave. |
| Perte de l’estime de soi | Quand on constate à quel point l’on ne peut plus réfléchir correctement, quand on se rend compte qu’on fait des fautes et qu’on devient insupportable pour ses proches, il devient impossible de maintenir une bonne estime de soi. <br>C’est un autre signe qui peut faire partie d’un tableau dépressif. À un certain moment, ce n’est pas que « burn-out et dépression, c’est la même chose », mais plutôt : la dépression accompagne le burn-out, soit comme une conséquence, soit comme une [*comorbidité*](https://fr.wikipedia.org/wiki/Comorbidité). |
Voilà pour ce qui concerne la partie plus ou moins *médicale* du burn-out. Mais il y a encore quelques conséquences sur la vie psychique et la vie en général de la personne qui sont à prendre extrêmement au sérieux :
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| Envahissement de la vie privée par le travail | En 2024, c’est quelque chose qui est de toute façon fréquent, si l’on n’y prend pas garde. Ce qui est grave, dans le contexte du burn-out, c’est que la personne ne s’en rend même plus compte et tombe dans le [*présentéisme*](https://fr.wikipedia.org/wiki/Présentéisme) ou, dans le cas du télétravail, n’arrive même plus à s’arrêter. Cela participe à la spirale infernale : <br>épuisement ⭢ inefficacité ⭢ temps de travail qui s’allonge ⭢ impossibilité de récupérer ⭢ fatigue↑ ⭢ agravation de l’épuisement ⭢ … |
| Perte des liens sociaux | Les liens sociaux sont *essentiels* à notre bonne santé mentale ⭢ cf. [[antidépresseurs naturels]]<br>Il peut y avoir plusieurs raisons pour lesquelles une personne habituellement sociable perd ses liens sociaux : « plus le temps », « des choses plus importantes à faire », « honte» de son état , « pas envie d’embêter mes amis avec mes problèmes », etc.<br>Quelles que soient les raisons, c’est grave ! |
| Perte du sens de son travail<br>Sentiment d’inutilité ou de vide | Ce peut être une des *causes* du syndrome d’épuisement et de la démoralisation, car on ôte aux gens le sens de leur travail en leur demandant de *surperformer* au détriment de la qualité ou en les faisant travailler comme des robots sur des tâches qui ne correspondent plus aux raisons pour lesquelles ils avaient choisi leur métier.<br>Ce peut aussi être la *conséquence* de l’épuisement : quand la personne constate qu’elle ne peut plus fournir un travail de qualité et si, en plus, tout le monde a l’air de s’en ficher, elle finit par se demander à quoi elle sert… |
| Cynisme | C’est un des symptômes classiques du burn-out. Le *cynisme* est à la fois une conséquence de l’épuisement émotionnel — il devient impossible de ressentir la moindre émotion — et une attitude protectrice : la personne entre dans un *déni émotionnel* pour éviter — ou plutôt *tenter* d’éviter — de ressentir des émotions pénibles qui la feraient tomber en dépression. Mais la dépression finit quand même par arriver… |
| Perte d’espoir | C’est une autre conséquence du tableau dépressif compliqué par la perte de l’estime de soi et la perte de confiance dans « la société » en général : le pessimisme qui mène ultimement aux… |
| Idées noires | Quand la souffrance psychique devient trop intense, la personne commence à se dire, de temps en temps, des choses telles que « s’il m’arrivait quelque chose de grave et que ma vie s’arrêtait, ça serait plutôt un soulagement ». Et, au pire, peuvent même arriver des… |
| Pensées suicidaires | C’est le stade ultime, qui arrive quand la personne est *au fond du gouffre* et qu’elle est convaincue qu’elle n’en sortira pas, par aucun moyen. Elle en arrive à se dire que le seul moyen de mettre un terme à sa souffrance, c’est d’en finir avec la vie elle-même. |
 
<p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p>
<p style="text-align: center; font-style: italic;">le 20 février 2024
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[[burn-out (domaine)|burn-out]]
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