# Les antidépresseurs naturels
<p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p>
Il y a plus de 25 ans, je recevais régulièrement cette demande de la part de patients : « docteur, est-ce que je peux arrêter [de prendre] mon antidépresseur ? » La réponse « officielle » ne me convenait pas du tout — vous vous en doutez, si vous me connaissez un tout petit peu. En effet, la réponse officielle, c’est-à-dire celle de la « science » ou des fabricants de médicaments, était l’une de ces variantes :
* il faut prendre un antidépresseur 6 mois au moins ;
* il faut prendre un antidépresseur 1 année ;
* il faut prendre un antidépresseur encore 6 mois après la disparition de tout symptôme résiduel ;
* et ainsi de suite ; ça a plus ou moins évolué au cours des années. ^[Remarquez qu’on en est toujours à peu près là, dans les milieux de la psychiatrie académique et chez beaucoup de médecins qui croient soigner les problématiques dépressives grâce aux médicaments. Même certains psychiatres se contentent de « régler la médicamentation » de leurs patients, sans du tout aborder la question de leurs besoins psychologiques. Je trouve cela plus que navrant, pour dire le moins.]
Je me permets de dire que je trouve ces réponses stupides. Pourquoi ?
1. Parce que ce sont des réponses basées sur des statistiques et qui, par conséquent, ne tiennent aucun compte de la réalité d’une personne en particulier.
2. Parce que ce sont des réponses qui présupposent que c’est le médicament qui soigne la dépression.
3. Parce que ce sont des réponses qui ne tiennent aucun compte des facteurs en jeu dans une problématique dépressive. Répondre ainsi, c’est ignorer totalement la question fondamentale : « qu’est-ce qui fait que telle personne est déprimée et de quoi a-t-elle besoin pour ne pas l’être ? »
C’est en réfléchissant à cette question fondamentale — de quoi avons-nous besoin pour ne pas déprimer ? — que je me suis orienté vers la notion de *besoins psychologiques*. Ce sont des besoins que nous avons tous, des besoins fondamentaux pour notre psychisme, de même que notre corps a des besoins sur le plan matériel — de l’eau, des nutriments, des vitamines, etc.
Heureusement, je ne suis pas le seul à penser de la sorte et il existe tout un champ de la psychologie qui s’appelle la [*psychologie positive*](https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_positive) ^[Attention : il ne faut pas confondre *psychologie positive* et *pensée positive*!] et qui s’intéresse justement à cette question : quels sont les facteurs de la bonne santé psychologique ?
Je propose ici une liste — forcément non exhaustive — de ces besoins (faites défiler, il y a deux pages) :
![[Antidépresseurs naturels (besoins psychologiques).pdf]]
Je pense que vous serez d’accord avec moi que, si une personne a tous ces besoins régulièrement satisfaits — je ne dis même pas *comblés* —, il est très difficile d’envisager qu’elle déprime. En miroir, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi une personne déprime, dès lors qu’elle est en manque de ces *antidépresseurs naturels*. Je n’ai **jamais** rencontré de situation qui contredise ces deux faits !
Je pense que vous ne pourrez pas vous empêcher de faire votre autoexamen et le bilan du degré de satisfaction de vos propres besoins psychologiques. C’est une bonne idée et je vous encourage même à le faire. Mais le plus important, c’est ce que je vais expliquer maintenant.
### Les conséquences pratiques de la liste des antidépresseurs naturels
Je vous propose de parcourir tranquillement la liste en vous posant les questions suivantes :
1. Quels sont les besoins qui sont censés être satisfaits dans une relation de couple ? — Sous-entendu, bien évidemment : *couple harmonieux* ou *couple fonctionnel*.
2. Quels sont les besoins qui sont censés être satisfaits dans un emploi ou dans un travail indépendant ? — Sous-entendu : un travail *épanouissant*.
3. Quels sont les besoins qui peuvent être satisfaits sans contacts sociaux ?
4. Quels sont les besoins qui peuvent être satisfaits en restant assis dans son salon à ne rien faire, ou en tournant en rond dans son appartement ?
5. Quels sont les besoins qui peuvent être satisfaits *sans qu’on s’en occupe personnellement* ?
Je pense que vous comprenez maintenant la logique des affirmations suivantes :
> On ne peut pas être heureux *tout seul*. Mais on peut être heureux en *célibataire*, à condition d’avoir un tissu social riche.
> Le travail — même un travail *idéal* — ne peut pas répondre à tous nos besoins psychologiques Il n’est même pas censé le faire.
> Par conséquent, ce n’est pas une bonne idée d’investir tout son temps et toute son énergie dans le travail.
> Un couple — même un couple *idéal* — ne saurait répondre à tous nos besoins psychologiques.
> Par conséquent, il ne faut pas *surinvestir* son couple au détriment des autres aspects de la vie.
> Pratiquement *aucun* besoin psychologique ne peut être satisfait si l’on reste dans la passivité. C’est à **nous-mêmes** d’aller à la rencontre de la Vie et des autres pour aller *récolter*, *cueillir* des antidépresseurs naturels. C'est à nous-mêmes de cultiver des valeurs et d’organiser notre vie en sorte d’avoir la dose d’antidépresseurs naturels dont nous avons besoin pour ne pas déprimer.
C’est une autre façon de dire que *notre bonheur* dépend de nous-mêmes, dans le sens que, *quelles que soient les circonstances, c’est à nous-mêmes de faire ce qu’il faut pour rester en bonne santé psychologique*.
 
<p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p>
<p style="text-align: center; font-style: italic;">le 13 janvier 2023
</p>
 
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[[portail de la psychologie et de la psychothérapie]]
#psychoPhilo #théoriePsychologique #thérapie