# À propos de la connerie <p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p> > [!note]- Remarque au sujet du langage > De nos jours, les mots « con », « conne » ou « connerie » ne sont plus forcément considérés comme vulgaires. Ce sont des mots du *français familier* ou *courant*, qui a tout à fait le droit d’être différent du français « savant ». Pour en savoir plus : [Claude Duneton : le dictionnaire du français familier](https://www.payot.ch/Detail/le_guide_du_francais_familier-claude_duneton-9782020314862). Nous avons tous affaire, pratiquement tous les jours, à l’une ou l’autre forme de ce que l’on nomme la *connerie*. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur le sujet et l’on trouve de nombreux livres, même un livre savant publié récemment : ⭢ [Jean-François Marmion : Psychologie de la connerie](https://www.fr.fnac.ch/a12533210/Jean-Francois-Marmion-Psychologie-de-la-connerie). Je remarque pourtant qu’il manque une synthèse du sujet. Voici ma proposition. ---------------------------------------------- Il y a, en fait, quatre types de *connerie* : 1. La connerie qui est la manifestation d’un ***[[troubles de la personnalité (OpSpl)|trouble de la personnalité]]***. On la trouve particulièrement chez les personnalités : * narcissiques * antisociales * histrioniques. 2. La connerie qui relève de l’***immaturité psychologique*** : on comprend mieux le fonctionnement de certains cons, une fois que l’on a compris qu’ils ne pensent pas en adultes, ne se comportent pas en adultes ; ils disent et font des conneries simplement parce qu’ils sont *immatures* sur le plan psychologique. 3. La connerie qui est le reflet ou la conséquence d’un grand *manque d’intelligence* ou carrément d’une *grande bêtise*. 4. La connerie de la *suffisance* : celui qui considère que tous ceux qui ne pensent pas comme lui sont des cons est lui-même un **con**. ^[En langue épicène, la phrase s’écrit : « celui (ou celle) qui considère que tous ceux qui ne pensent pas comme lui (ou elle) sont des *cons* est lui-même (elle-même) un **con** (ou une **conne**). » Je trouve que c’est d’une lourdeur pénible, mais certaines personnes insistent pour que nous écrivions ainsi. Quant à moi, je ne me plie pas à leur diktat, même si ces personnes vont alors me considérer comme un con. Je m’en fiche.] ### Quelques exemples ##### Type I : trouble de la personnalité Chaque fois que vous constatez un comportement violent, un grand manque de respect, des propos racistes, des incivilités, etc., et que vous vous dites « quel con ! », vous avez vraisemblablement affaire à quelqu’un qui souffre d’un trouble de la personnalité. Des exemples ? * Le narcissique condescendant qui méprise les collègues, généralement ses subalternes, et s’attend à des traitements de faveur. Celui qui considère que « tout lui est dû », qui n’est jamais reconnaissant de rien du tout. * Le sociopathe en SUV qui profite du moindre espace pour dépasser tout le monde par la droite et qui se fiche pas mal du risque qu’il représente pour les cyclistes et les piétons. * Le sociopathe-petit-chef qui refuse à ses subalternes de prendre les vacances à des moments favorables pour eux ou qui les fait rester le soir après les heures, tout en leur « interdisant de faire des heures supplémentaires » et en leur refusant de les reprendre en congé. * Celui qui fait son numéro, en société, qui accapare l’attention, qui est logorrhéique et soûle tout le monde avec des histoires qui n’intéressent personne. ##### Type II : immaturité psychologique **Attention :** Je ne dis pas du tout que tous les immatures sont des cons. Loin de moi de le penser. Il existe des immatures gentils, respectueux, délicats, soucieux de bien faire, qui sont extrêmement fiables, etc. Ceux-ci ne sont pas cons. Certaines personnes n’entrent pas forcément dans la première catégorie, car elles n’ont pas les critères cliniques pour un vrai trouble de la personnalité. Elles ont cependant des comportements et des façons d’être tels que ceux-ci qui relèvent de l’immaturité psychologique  : * ils manquent de respect envers les gens, les animaux, les objets ; * ils ne sont pas arrangeants, ne rendent pas de petits services ; * ils ne disent pas merci, car ils considèrent que tout leur est dû ; * ils sont versatiles, ils changent d’avis comme de chemise — et même plus souvent, parfois ; * ils flirtent toujours avec la limite de ce qui est permis, voire la dépassent en pratiquant le « pas vu, pas pris » ; * ils sont intolérants, sexistes, racistes, etc. * ils sont impolis, inciviques, etc. * ils veulent toujours avoir raison ; * ils considèrent tous les autres comme des idiots… voire des cons — ce qui relève, en plus, de la catégorie IV ; * ils se plaignent constamment et de tout ; * ils sont rigides, inflexibles, manquent de nuances, toujours dans le « tout ou rien » ; * ils considèrent le monde à travers des clichés : « les femmes sont comme-ci, les hommes sont comme ça. Les Italiens…, les Français…, les Suisses allemands… » * etc. Il existe encore de [[exemples de conneries|nombreux exemples]]. ##### Type III : la bêtise Je pense qu’aujourd’hui, en 2022, ne pas réaliser que les ressources de la planète ne sont pas infinies, croire encore à la croissance infinie, cela relève de la plus pure *bêtise* et qu’il faut vraiment être *con* pour penser que la *croissance* est le remède à la pauvreté, au chômage et à l’explosion des coûts de l’aide sociale ^[J’inclus toutes les formes d’aide sociale : le revenu social proprement dit, mais aussi les subsides de toutes sortes dont de plus en plus de gens ont besoin, les rentes d’invalidité pour des maladies psychiques, etc.], tout en étant convaincu que la destruction de la nature n’est pas un problème, que la pollution n’est pas à prendre en considération, que le stress chronique n’est un problème que parce que les gens ne supportent rien, etc. Vous voyez ce que je veux dire. Autres exemples de bêtise, en 2022 : * Nier le réchauffement climatique. Si, en plus, on prend à l’appui de cette thèse le fait qu’il y a de la neige en hiver, c’est *doublement con*. * Le créationnisme — prétendre que tous les animaux et les végétaux que nous voyons aujourd’hui à la surface de la Terre sont apparus *ex nihilo*, d’un jour à l’autre, sous l’effet d’une action surnaturelle. * Le platisme — prétendre que la terre est plate et décréter que tous ceux qui disent qu’elle est un globe sont des menteurs ou des manipulateurs. ##### Type IV : ne pas supporter la divergence de vues Il y a plein de sujets, dans absolument tous les domaines, où La Vérité n’existe pas. Qu’est-ce que l’art ? Qu’est-ce qu’un bon film ? Qu’est-ce qu’un bon spectacle ? La photo doit-elle refléter la réalité ? Est-ce qu’il vaut mieux travailler à l’ordinateur tôt le matin où tard le soir ? Est-ce qu’on peut rire de tout ? J’en passe et des meilleures. Je pense qu’il est assez clair qu’à des questions de ce genre, on peut répondre de différentes manières, qu’on peut donner toutes sortes de réponses intelligentes et qu’on peut surtout éviter d’y répondre en « oui ou non ». On se doit donc, en tant qu’être humain, de respecter le point de vue étayé de toute personne qui est capable de défendre un avis avec une certaine pertinence et avec honnêteté. Celui qui est incapable de le faire est un con, point à la ligne. C’est à cause de ce genre de personnage que l’on est obligé d’admettre qu’« on est toujours le con de quelqu’un ». En effet, quoi que vous pensiez, quoi que vous disiez, aussi raisonnable et aussi solide que soit votre argumentaire, il se trouvera régulièrement quelqu’un qui pensera différemment et qui décrétera que vous êtes un con ou que vos idées sont connes. On ne peut strictement rien là-contre. Entre parenthèses : des questions du genre « êtes-vous pour ou contre l’homosexualité ? » ou « êtes-vous pour ou contre l’égalité entre les hommes et les femmes ? », ce sont des questions tellement bêtes qu’elles relèvent du troisième type de connerie, ci-dessus. Malheureusement, les journaux en sont truffés, de ce genre de questions « à la con » qu’ils osent appeler « sondages ». ^[Vous avez sans doute remarqué que votre point de vue réfléchi, nuancé et très raisonnable ne se trouve pas dans les réponses proposées. Dans ces cas-là, je vous suggère d’oser penser que la question est conne. Et je pense que l’on peut s’autoriser à « ne pas répondre à une question aussi stupide ».] ### Fiche diagnostique À toute fin utile, j’ai confectionné une [fiche que vous pouvez télécharger](https://secure-res.craft.do/v2/KAjgFsELNpWTsSHqW1BRFMxq378m4NyWkzUGm9ctLFsyxtQjWTvmQvz5ZdHQxWe6DN6o9z6zkxJo5uSPFYWeuCQwctnb352Tw3BHFeehAzyk5XbkTKj6ZRMLo6hNoJTgP7P9F1MrkEa44Jnzi383jnBWshr9poLjZFgXcsPVVo1UJSqJdHkoHudwwAB4E2hbhcgt7kzrhuFoyX2u6XPBNdCatqzisdswBhjLAa7H7TZCRxKRrB5oZuvJGb96yz5RNrhSrtmHdEfstBQ5d7rVwKn5r3q5FyrqUDngYge7Cq7Dn6oBA8LBujitCDaHiCLfgbdJG9an/Quatre%20types%20de%20connerie.pdf). Elle sera votre *liste de contrôle* pour diagnostiquer les cons. &emsp; <p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Olivier-Spinnler.png" class= "signature"/></a></p> <p style="text-align: center; font-style: italic;">le 9 juillet 2024 </p> &emsp; > [!note]+ *Post scriptum* > J’ai mis le tag “humour” à ce billet. Il est une parfaite illustration du nom de ce jardin numérique — **Sérieusement léger, légèrement sérieux**. Le contenu est parfaitement réfléchi et parfaitement sérieux, mais il y a aussi une dose d’humour que vous dégustez, j’espère. ---------------------------------------------- [[portail de la psychologie et de la psychothérapie]] #psychoPhilo #humour