# Qu’est-ce que le burnout ? Un *burnout* est un état de maladie dans lequel la personne est épuisée, en particulier sur le plan de l’énergie nerveuse et sur le plan émotionnel (cf. les [[différentes sortes de fatigue|différentes sortes de fatigue]]). Vous remarquerez que je n’ai pas dit « […] dans lequel la personne *se sent* épuisée ». En effet, la personne est *vraiment* épuisée, elle n’a plus d’énergie nerveuse ni d’énergie émotionnelle. D’où les récits typiques dans lesquels, par exemple, la personne raconte qu’un beau matin, elle s’est trouvée *incapable de sortir de son lit*. Il existe différentes métaphores pour illustrer le burnout : * une voiture qui n’a plus d’essence — ou une voiture électrique dont la batterie est à plat ; * un ordinateur ou un smartphone dont la batterie est à plat ; * une centrale hydroélectrique qui ne peut plus fonctionner, car il n’y a plus d’eau dans le lac de retenue du barrage. ![[centrale hydroélectrique.png]] J’aime particulièrement cette dernière illustration, car elle permet d’expliquer facilement d’autres aspects du burnout. Si le burnout se résumait à un manque d’énergie, ce ne serait pas si grave et on en guérirait facilement. Il suffirait de quelques jours de repos, de vacances pour « recharger les batteries » et le burnout serait de l’histoire ancienne. Mais la réalité est toute autre ! Il est certain que le manque d’énergie, bien réel, est ce que la personne ressent le plus, quand elle est au plus profond de son burnout. C’est aussi ce que les proches remarquent : la personne est comme *ralentie*, elle n’a plus de force, elle n’arrive plus à se concentrer, elle n’arrive plus à réfléchir, elle n’arrive plus à mémoriser des informations toutes simples. Mais le problème principal, c’est qu’il y a bel et bien des [[lésions neurologiques du burnout|lésions cérébrales]] — je vous laisse consulter cette page, si vous voulez en savoir plus. Le burnout est un état d’épuisement consécutif à du *stress chronique* ou à du *surmenage* ou à un certain nombre d’autres facteurs. Le plus souvent, c’est une combinaison de nombreux facteurs qui mène à cet état de maladie. Et ces facteurs, en particulier le stress chronique, mais aussi la maltraitance psychologique, causent des dommages dans des zones critiques du cerveau, des zones impliquées dans des processus de haut niveau : la mémoire, la régulation émotionnelle, la concentration, l’attention, etc. C’est cela qui fait la sévérité d’un syndrome de burnout. À l’époque où je faisais mes études de médecine, la science proclamait que les neurones cérébraux ne se renouvelaient pas. Aujourd’hui, on sait que c’est faux, on sait que le tissu cérébral peut se régénérer — mais **très lentement** ^[La vitesse de régénération des tissus dépend de leur degré de différenciation. Quand on se mord la joue, ça se guérit en quelques jours, car les cellules épithéliales sont des cellules très peu différenciées. Tandis que les cellules nerveuses cérébrales sont les cellules les plus « nobles » de notre corps et leur réparation se fait sur une échelle de temps qui se compte en mois et en années.] et jusqu’à un certain point, pas forcément complètement. Pour comprendre la clinique du burnout, il est important de comprendre cette problématique des lésions nerveuses. Ces lésions nerveuses sont semblables à celles que l’on peut observer dans le *[trouble de stress post-traumatique](https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_stress_post-traumatique)*. Ceci n’est pas étonnant, le burnout étant très souvent le résultat d’une *souffrance psychologique* de la personne. Simplement, au lieu qu’il s’agisse d’un événement ponctuel très intense, il s’agit d’une multiplication d’événements d’intensité variable, au long de mois et d’années. L’effet clinique des lésions cérébrales du burnout, ce sont des symptômes qui ressemblent à ce que l’on observe dans des maladies dégénératives de type « Alzheimer ». La bonne nouvelle, c’est que ces symptômes diminuent avec un traitement adéquat, jusqu’à disparaître complètement ou presque complètement. ### Compléments à la métaphore du burnout Je reviens sur les métaphores que j’ai mentionnées plus haut et je complète : * Si l’on compare une personne à un ordinateur ou à un *smartphone* : dans le burnout, non seulement la batterie est vide, mais, en plus, les mémoires électroniques sont cramées : on aura beau recharger la batterie, l’appareil ne va plus fonctionner. Il faudra commencer par réparer — en l’occurrence, changer — les puces électroniques. Comme le processeur a surchauffé, il a lui-même également été endommagé. De plus, il ne supporte plus la surchauffe ; à peine lui demande-t-on de travailler qu’il se met déjà en mode « protection » — la cadence d’horloge diminue et les ventilateurs se mettent marche. Le processeur fonctionne au ralenti et pas bien longtemps. * Si l’on compare une personne à une voiture, le burnout correspond à un serrage du moteur, à une destruction de l’embrayage ou de la transmission, à des pneus crevés, etc. Il faudra commencer par réparer tous ces éléments mécaniques pour que la voiture puisse rouler correctement. Toutes ces réparations prennent du temps. À un certain moment, la voiture peut commencer à rouler, mais très doucement et seulement en première. Elle est encore loin de ses performances optimales. * Si l’on compare une personne à une centrale électrique alimentée par un barrage, dans le burnout, non seulement le lac d’alimentation est vide, mais, en plus, les infrastructures de la centrale sont détruites ou très mal en point : la turbine est cassée et ne turbine plus, l’alternateur est détruit, le transformateur est hors fonction. Éventuellement, dans les cas les plus graves, c’est même le barrage qui est détruit. On comprend bien l’ampleur des travaux de reconstruction et qu’il faudra un certain temps avant que la centrale soit à nouveau fonctionnelle ! Dans la réalité biologique, ce n’est pas du « tout ou rien ». C’est comme si, au fur et à mesure des travaux, la centrale pouvait commencer à redonner du courant électrique, mais en quantité limitée : * La nature commence par installer des appareils de secours : une petite turbine, un petit alternateur, un petit transformateur. Ainsi, la centrale peut fournir **un peu** de courant électrique. Et seulement si elle est alimentée en haut. * Tant que le barrage ne sera pas reconstruit, il sera même impossible d’avoir une bonne réserve en eau, donc en énergie. La centrale ne fournira de l’énergie que pour des durées limitées. * Avec le temps, le barrage est reconstruit et on peut à nouveau stocker de l’énergie. Mais avant de pouvoir l’utiliser idéalement, il faudra attendre que toutes les installations soient réparées. &emsp; <p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p> <p style="text-align: center; font-style: italic;">le 25 août 2025 </p> &emsp; ---------------------------------------------- [[burnout (domaine)|burnout]] #burnout #santé #psychiatrie #médecine #thérapie