# La résolution de problèmes et de difficultés
<p style="text-align: right;font-style:oblique">! <a data-href="Food for thought" href="https://legerement-serieux.ch/Fiches/PsychoPhilo/Food+for+thought" class="internal-link" target="_blank" rel="noopener">Food for thought</a> !</p>
J’aborde ici la problématique dite de la « ==gestion de problèmes== ». Plus concrètement, je soumets quelques considérations au fil desquelles, vous verrez le changement de perspective tout au long du développement *bio* ⭢ *psycho* ⭢ *spirituel*.
### La problématique
Il y a deux situations pénibles qu’il s’agit de résoudre, en relation avec des « problèmes ». La première, c’est celle des personnes qui sont beaucoup trop promptes à vous donner des conseils. Vous connaissez certainement cela :
![[fais-ci, fais-ça.png]]
Cela peut se produire dans une discussion avec une personne ou dans des groupes de personnes. Une ou plusieurs personnes vous « balancent » ainsi des conseils que vous ne leur avez même pas demandé. Elles commettent ainsi ce que j’appelle des **[[toxiques relationnels]]** : les *conseils non sollicités*. En y prêtant attention, vous remarquerez aussi des *critiques* et des *reproches*.
L’autre situation pénible dont il s’agit de sortir, c’est celle de la **rumination mentale**. C’est ce qui arrive à une personne qui voit sa vie avec une mentalité « j’ai que des problèmes » :
![[j’ai que des problèmes.png]]
Il y a des points communs à ces deux situations :
* Avant d’envisager des solutions à un problème il faut l’avoir défini, l’avoir compris. C’est une étape indispensable, par laquelle **il faut** passer. On ne peut résoudre que des problèmes bien compris et identifiés.
* Dans les deux cas, il y a une absence totale ou quasi totale de *vraie* réflexion, il n’y a pas de raisonnement étayé et élaboré.
* Par conséquent, dans les deux cas, il s’agit d’[[maturité psychologique (domaine)|immaturité psychologique]]. Ce n’est **pas adulte** de :
* ruminer des pensées autour de problèmes sans envisager de les résoudre ;
* chercher ou proposer des solutions à des problèmes que l’on n’a pas correctement identifés.
Ainsi, vous remarquez qu’on est dans la partie « ==bio== » du [[développement humain|développement biopsychospirituel]].
Un premier pas en direction de la résolution des problèmes, c’est de les identifier convenablement. La recommandation principale, c’est de le faire concrètement : sur un papier ou une ardoise ou un flipchart ou dans un calepin ou dans son ordinateur.
On commence par faire une *liste des problèmes*. Ainsi, on se rend généralement compte que l’on n’a pas « plein de problèmes », mais une liste finie qui peut ressembler à ceci :
![[j’ai un certain nombre de problèmes.png]]
On approche de la porte de sortie de la rumination mentale. Il faut faire encore un pas pour arriver sur le pas de la porte : il s’agit de procéder à la description et à l’analyse des problèmes :
* une feuille ou une fiche ou un document par problème identifié ;
* pour chaque problème, on peut établire, à choix :
* une description *ou*
* un mindmap *ou*
* un tableau avec les facteurs, les implications, les enjeux pratiques, les enjeux affectifs, etc.
* ou une combinaison de tout cela.
On a alors la situation suivante devant soi :
![[série de problèmes à résoudre.png]]
Si l’on en reste là et qu’on rumine alors sur le mode de « je ne vois pas de solution à mes problèmes », on reste dans une posture *immature*, on reste dans le « bio ». Ce qui sera **vraiment adulte**, c’est de passer à la ==recherche de solution(s)==.
### Le mythe de LA Solution
Beaucoup de personnes — est-ce que j’ose dire *la plupart des gens* ? — restent pour ainsi dire « scotchées » à cette étape parce qu’elles ont en elles ce que j’appelle le *mythe de La Solution-qui-règlerait-tous-les-problèmes* :
![[mythe de LA Solution.png]]
Ce mythe prend différentes formes et a différentes conséquences :
* Ce peut être simplement une croyance ou un fantasme : « il doit exister une solution qui règlera tous les problèmes. » La personne — ou l’équipe — tourne et retourne, dans sa tête, toutes sortes d’idées et se rend compte que telle « solution » ne règle pas les problèmes n°2, 3 et 6 ; que telle autre ne résoud pas les problèmes 1 et 7, etc., à l’infini. On se perd ainsi dans de nouvelles ruminations, à la recherche de la *Solution Miracle*, celle qui règlera tout les problèmes.
* Dans cette quête parfaitement vaine d’une *solution ultime*, la personne remplit sa tête de « mais ». C’est ce qu’elle se dit ou c’est ce qu’elle réplique à toutes les idées qu’on peut lui proposer :
* **mais** ça ne résoud pas tout…
* **mais** c’est trop cher…
* **mais** j’y arriverai pas…
* **mais** c’est pas pour moi, etc.
* Ou alors, la personne se doute bien ou sait pertinemment qu’« il n’existe pas de solution unique à tous les problèmes » et elle capitule avec le raccourci mental *« **il n’y a pas de solution** »*.
Sur le plan du développement psychologique, vous réalisez bien qu’on est toujours dans l’immaturité, dans le « bio », parce qu’on est dans une situation d’impuissance, on est toujours dans la *non action*, pour ne pas dire la *passivité*. Cela fait aussi partie de la *position victimaire* — la personne se sent victime des circonstances, des autres, de tout ce qui, dans sa vision, « cause ses problèmes ».
Il s’agit donc de passer à un stade plus avancé et nous nous rapprochons d’une attitude *adulte* face aux problèmes.
### À chaque problème sa solution
C’est un slogan que l’on entend beaucoup, en particulier dans le coaching :
> Chaque problème a sa solution.
On rencontre aussi très souvent cette version :
> Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions !
Ce corolaire se rencontre aussi, assez fréquemment :
> S’il n’y a pas de solution,
> c’est qu’il n’y a pas de problème.
Même si tout cela peut paraître quelque peu « carré », il n’y a aucun doute que c’est plus adulte, psychologiquement, et qu’on arrive au niveau « ==psycho== » du *biopsychospirituel*. Pourquoi ? Parce que l’on sort de la passivité.
Le schéma correspondant est celui-ci :
![[Pasted image 20250726140443.png]]
Je souligne que ce qui est *vraiment* adulte, c’est la combinaison de trois étapes :
1. Lister et analyser les problèmes.
2. Pour chaque problème, envisager une solution.
3. Mettre en œuvre les solutions envisagées.
S’il manque une étape, quelle qu’elle soit, on reste dans un fonctionnement *pas tout à fait adulte* :
* Si l’on agit sans avoir correctement analysé les problèmes.
* Si l’on agit d’une manière désordonnée, sans avoir explicité les actions et sans mettre en place les *projets* correspondants.
* Si l’on en reste à l’analyse et à envisager des projets, sans *passer à l’action*.
### Ah, si c’était aussi simple !
Ce que nous venons de voir, c’est la théorie. En pratique, nous avons généralement plutôt ceci :
![[solution 1.png]]
Ce que j’illustre ici, c’est une situation où la *solution 1*…
* ne résout que partiellement le *problème 1* ;
* aggrave les problèmes n°2 et n°4.
On peut aussi avoir ceci :
![[solution 2.png]]
La *solution 2*…
* résoud bel et bien le *problème 2* ;
* améliore un peu le *problème 1* ;
* mais elle aggrave le *problème 3*.
Et ainsi de suite. C’est souvent comme cela que ça se passe en réalité, dans des situations avec des problèmes complexes, chaque problème dépendant de muliple facteurs et chaque facteur ayant des influences parfois opposées sur différents problèmes.
On voit ainsi qu’en pratique, l’adage « à chaque problème sa solution » a ses limites : ^[Entre parenthèses : certaines personnes qui n’ont pas une estime d’elle-même en or massif se trouve ainsi piégées. Elles peuvent avoir l’impression que, si elles n’arrivent pas à résoudre tous leurs problèmes, c’est qu’elles ne sont pas assez « bonnes », qu’elles sont « insuffisantes ». Ou pire, certaines personnes malveillantes ou stupides les rabaissent en leur assénant, explicitement ou implicitement : « si tu n’arrives pas à résoudre tes problèmes, c’est que tu es nul ! »]
- Beaucoup de « solutions » ne sont que partielles et, bien souvent, tout en résolvant certains problèmes en renforcent d’autres.
- On ne peut pas toujours mettre en œuvre _en même temps_ toutes les solutions à tous les problèmes — parce qu’on n’en a pas le temps ou pas assez de personnes à disposition ou pas assez d’argent, en un mot : pas les moyens.
- On va donc devoir _prioriser_ et _choisir_ de quel(s) problème(s) on va s’occuper et avec quels moyens.
- Par conséquent, il faudra admettre qu’on ne va pas résoudre tous les problèmes, du moins _pas tout de suite_.
Autre piège mental : à force de résoudre des problèmes à gauche et à droite, tantôt par la volonté, tantôt par l’intelligence, tantôt par l’astuce et la créativité, on peut finir par voir des problèmes partout. Même là où il n’y en a pas !
###### Comment s’en sortir ?
La première considération, c’est que ça fait partie d’« être adulte » que de s’accommoder d’une situation « pas parfaite ». C’est être adulte et c’est se rapprocher de la sagesse que de pouvoir considérer que telle situation « pas idéale » n’est pas forcément un _**problème**_ et qu’il n’y a pas forcément lieu de chercher de « solution ». Qu’il vaudra mieux se demander et considérer « qu’est-ce qu’il y a de bien ? » dans la situation telle qu’elle est. Comme disait le bon Voltaire : « le mieux est l’ennemi du bien ». Pourquoi vouloir changer ce qui est déjà fort convenable ? En anglais, on dit “if it ain’t broken, don’t fix it !” (« Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas ! ») Il faut aussi savoir se contenter, non pas de l’à-peu-près, mais du « pas mal du tout » ou du « fort agréable », et ainsi de suite.
Autre point : il s’agit de réaliser qu’il est tout à fait *normal* d’être régulièrement confronté à des « problèmes à résoudre ». Cela fait partie de la vie. Karl Popper a développé cette idée dans son livre “All Life is Problem Solving”. Ainsi, au lieu de déplorer le fait d’être confronté à des problèmes, on les accepte et on les résoud au fur et à mesure qu’ils se présentent, dans toute la mesure du possible.
En continuant à évoluer dans notre évolution *biopsychospirituelle*, on arrive doucement à un…
### Changement de paradigme
Une fois que l’on a accepté que les « problèmes » font partie de la vie et en se rendant compte qu’on peut tantôt les résoudre, tantôt les dépasser, tantôt s’en accommoder, on en vient à se dire « mais est-ce que je dois vraiment continuer d’appeler cela des ‹ problèmes › ? » On découvre que ce que l’on croyait être un obstacle peut être contourné. Ou qu’en acceptant qu’un chemin est barré, on en prend un autre et, au décours de cet autre chemin, on découvre des choses et des opportunités que l’on n’avait pas imaginées. Tantôt on a un défi à relever. Ou alors, on découvre que, même si tout ne va pas toujours tout seul, on peut tout de même avancer. On découvre qu’au fil des difficultés qui se présentent, on apprend, on se révèle à soi-même, on fait de nouvelles rencontres. Que même si l’on ne résoud pas tout tout seul, on peut demander de l’aide et que, parfois même, l’aide peut venir de sources insoupçonnées.
Dès lors, on n’arrive même plus à parler de « problèmes », mais on voit plutôt les situations « à résoudre » comme des **difficultés**. Et les difficultés n’appellent pas forcément des « solutions ». On n’arrive plus à raisonner en termes de « problèmes et solutions ». On voit plutôt que, tout au long de notre chemin de vie, on passe de situation en situation et que, si des difficultés se présentent — ce qui est inévitable —, il s’agit d’envisager des changements et que, bien souvent, on peut appeler *améliorations* ces changements. Ainsi, pour une personne plus avancée en sagesse, la situation qui se présentait comme « 7 problèmes appelant 7 solutions » apparaît plutôt ainsi :
![[difficultés et améliorations.png]]
J’illustre dans ce schéma le fait qu’en les considérant, il y a souvent, parmi toutes les améliorations possibles, une qui paraît plus désirable ou plus vraisemblable ou plus atteignable que les autres et que c’est plutôt vers celle-ci que l’on va s’efforcer d’aller.
Conformément à ce que l’on a appris au grandissant psychologiquement, on sait maintenant qu’entre une *difficulté* et une *amélioration*, il y a forcément une ou plusieurs **actions** :
![[difficultés, actions et améliorations.png]]
Au lieu de parler de *solutions*, on envisage des *actions possibles* et parmis toutes ces actions possibles, il y en a l’une ou l’autre qui paraissent plus à même de nous amener à une amélioration souhaitable. C’est dans ces actions que vont se concentrer nos efforts, notre attention et notre énergie. Je montre sur le schéma l’idée que l’on va viser une certaine amélioration plus que les autres, sans perdre de vue les autres améliorations possibles. Ainsi, au fil du temps, les choses vont s’améliorer et l’on arrivera ainsi à une nouvelle situation qui pourrait ressembler à ceci :
![[difficultés bis.png]]
Toutes les difficultés n’ont pas disparu, mais certaines oui, tandis que d’autres ont bien diminué. Et l’on continue ainsi son chemin de vie, passant de situation en situation avec des difficultés surmontables et acceptables.
Clairement, on a bien progressé le long du chemin *biopsychospirituel* et l’on arrive peu à peu au seuil d’une approche *spirituelle* de la Vie.
### Le passage à la spiritualité
Arriver dans le domaine de la spiritualité, c’est laisser progressivement son « petit moi » de côté. C’est dépasser l’*ego*. C’est adopter un point de vue de plus en plus *transpersonnel* sur la Vie avec un *V* majuscule. Il ne s’agit plus que JE trouve des solutions à MES problèmes, il s’agit d’aller *avec* le flux de la Vie, de laisser faire, de lâcher prise, de faire notre part, ni plus ni moins que notre part. Mais quelle est notre part ? Qu’est-ce qu’il nous appartient de faire et qu’est-ce qu’on doit « lâcher » ? La réponse à ces questions est évidemment très différente selon que l’on adopte une position « psycho » ou que l’on est véritablement dans un point de vue spirituel.
Dans le domaine psychologique, on cherche à être intelligent, on cherche « la meilleure solution », la plus optimale ou la plus économique en énergie, etc., comme nous l’avons vu précédemment. On applique des techniques rationnelles, ou bien l’on s’efforce d’appliquer des recettes issues de toutes sortes de modèles comme il y en a une foultitude dans la TCC ^[Thérapie Comportementale et Cognitive] ou dans le coaching.
Tandis qu’avec une approche véritablement spirituelle, on sait bien que tout ne se réduit pas en recettes, en équations ou en techniques. On cherche plutôt à suivre son intuition, sa « petite voix intérieure » ou son cœur. Éventuellement, on fait confiance à ce qui nous apparaît dans des pratiques méditatives, sans forcément savoir s’il s’agit d’intuition, de voix intérieure, de messages provenant de guides spirituels, d’inspirtation divine, d’appel à manifester son *Soi [profond]* ou encore d’autre chose. Plus on avance en spiritualité, plus ce genre de messages deviennent fréquents et pertinents, plus ils sont clairement distincts de tout ce qui, aux niveaux *bio* et *psycho*, relève de nos projections, de nos désirs, de nos fantasmes ou de nos peurs plus ou moins névrotiques.
### L'Action Juste
Au lieu de se retrouver à faire des « choix » parmi toutes sortes d’actions possibles, on ressent ou l’on voit comme une évidence « ce qui doit être accompli » et *faire notre part* revient faire ce que l’on ressent comme étant « la chose à faire » — ce qui revient à faire l’==Action Juste==, spirituellement parlant. Ce que je peux schématiser ainsi :
![[Action Juste 1.png]]
Ce qui mène à une nouvelle situation. Et le processus continue :
![[Action Juste 2.png]]
Remarquez qu’arrivé à ce point, on ne parle même plus de *difficultés* ; on passe simplement d’une configuration de l’existence à une autre, fluidement.
C’est certainement à partir de telles hauteurs que parlait [[Krishnamurti, Jiddu|Krishnamurti]] quand il disait des choses comme :
> Seul un être inintelligent à le choix.
> Un être véritablement intelligent n’a pas le choix.
> <div class="citation-source">J. Krishnamurti</div>
Pour comprendre de tels aphorismes, il faut bien réaliser que l’*intelligence* dont il est question ici n’a pas grand chose à voir avec le QI. Il s’agit plutôt de la faculté de *comprendre* (“intelligere” en latin) les situations avec une vision aussi complète, aussi large et aussi profonde que possible, impliquant aussi certaines « antennes » captant la partie spirituelle du [[trois ordres du Kosmos|Kosmos]] (cf. les [[trois yeux de la connaissance]]). C’est ce que d’autres appellent la *vision de la Réalité*. Ce n’est évidemment pas donné à tout le monde, cela implique un niveau certain de développement psychospirituel, un niveau plutôt avancé dans le *spirituel*. Ceci ne peut évidemment pas du tout être entendu par des personnes qui se débattent avec des problèmes et cherchent des solutions.
<p style="text-align: center;">✦ ✦ ✦</p>
Arrivé au terme de cette exploration, je vous laisse prendre connaissance de quelques [[commentaires sur la résolution de problèmes|commentaires]] que je mets sur une autre fiche afin de ne pas surcharger celle-ci.
 
<p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p>
<p style="text-align: center; font-style: italic;">le 26 juillet 2025
</p>
 
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