# Autour de la sagesse <p style="text-align: center;">(Questions de Stéphane Rudaz pour la revue Recto Verseau)</p>  ### 1. Quelle est votre définition de la sagesse ? Je n’aurais pas la prétention de définir ce concept en une seul phrase . Plutôt que de voir la sagesse comme quelque chose qui est « atteint ou pas », je préfère la concevoir comme un ensemble de qualités humaines que l’on peut cultiver. Par exemple : la bienveillance, la capacité d’aimer d’amour fraternel toutes les créatures, la non violence, le non attachement, l’équanimité, l’humilité, ne rien prendre personnellement, la capacité d’être totalement présent à ce qui se passe ici et maintenant, y compris à l’intérieur de soi-même, l’amour de la vérité, la non-compromission avec le mensonge et ainsi de suite. Même si la sagesse paraît être un idéal, je la vois plutôt comme une étape sur le chemin du développement humain, dès lors que l’on inclut dans le développement humain les plus niveaux de la réalisation spirituelle. ### 2. Quelles sont les voies qui peuvent nous amener à la sagesse ? C’est un des grands apports du dialogue Orient – Occident sur les questions de psychologie et de spiritualité que de confirmer que ces deux domaines ne sont pas disjoints. On peut donc aujourd’hui affirmer avec beaucoup d’aplomb la pertinence tant des outils spirituels que des outils psychologiques pour progresser le long d’un chemin qui mène à la sagesse. Ni les uns, ni les autres ne sont à dédaigner. En ce qui me concerne, je souligne l’importance de ce que l’on appelle le *travail sur soi*. Comme l’a dit un maître spirituel : « celui qui n’a pas travaillé sur son caractère n’a pas fait le premier pas sur le chemin de la spiritualité ». C’est peut-être le commencement de la sagesse que d’avoir le désir sincère de s’améliorer, de s’en donner les moyens et de s’y appliquer. Je suis profondément convaincu qu’à un moment donné de notre développement psycho-spirituel, la pratique d’une forme authentique de méditation est absolument indispensable. Il existe diverses formes de méditation, dans toutes sortes de contextes. Le contexte lui-même — pour autant qu’il soit sain, ce qui exclu les approches sectaires — n’est pas le critère le plus déterminant. Le plus important, c’est que la méditation pratiquée nous amène à transcender notre ego, à le raffiner, au lieu de le renforcer. ### 3. Devenir sage est-il un objectif raisonnable ? C’est bien le problème du fait de se fixer des « objectifs »: comment différencier un *objectif* d’une idée préconçue ? C’est un des problèmes soulevés par Krishnamurti : si vous vous appliquez à devenir ceci ou cela, vous n’êtes pas en chemin pour découvrir la vérité, mais pour vous conformez à une certaine idée que vous vous faites de ce que vous pourriez être. *Devenir* quoi que ce soit, psychologiquement et spirituellement parlant, n’est pas une bonne idée. Plus exactement : c’est une première étape. Par exemple : devenir adulte, quand on est immature. Mais lorsqu’on parle de sagesse, il est important, à mon sens, de réaliser que l’on parle de quelque chose qui est au-delà de l’ego. Les objectifs que se fixe l’ego enferment celui-ci à son propre niveau. L’apport de la psychologie transpersonnelle, c’est de pointer du doigt que l’on peut dépasser l’ego. La véritable sagesse se situe au delà de l’ego. Un sage, ce ne peut être que quelqu’un qui a véritablement transcendé son ego. Par conséquent, l’ego, le « petit moi » ne saurait être sage ; c’est antinomique. ### 4. La sagesse se cache-t-elle au fond de nous-même ? Pas plus que la capacité à comprendre le calcul intégral, la capacité d’aimer ou d’éprouver de la compassion. La sagesse n’est pas localisable, ce n’est pas un objet. Si elle se cache au fond de nous-même, c’est métaphoriquement. Michel-Ange disait qu’il révélait, par son travail, la forme qu’il voyait dans les blocs de marbre. Ce pourrait être une métaphore du travail sur soi: l’ego, figuré par le marbre, dont il faut libérer et révéler des qualités que l’on ne voit pas, mais dont on a le pressentiment qu’elles peuvent exister. Je souligne encore une fois que la sagesse n’est pas une qualité du «Je». C’est plutôt quelque chose qui émane de la nature d’un être, de même que l’Amour et la compassion. &emsp; <p style="text-align: center;"><a href="https://dr-spinnler.ch"><img src="https://dr-spinnler.ch/myfiles/logos/Logo-Dr.png" class= "signature"/></a></p> <p style="text-align: center; font-style: italic;">juillet 2013 </p> &emsp; ---------------------------------------------- [[liste des articles écrits par Olivier Spinnler|liste des articles]] #psychoPhilo